Ca faisait un
bail que je ne m’étais pas installée sous la tente d’un chapiteau… Le cirque
Aïtal promettait sur le papier acrobaties et autres voltiges entre deux
artistes, Victor Cathala et Kati Pikkarainen. Couple à la ville et à la scène,
le colosse toulousain d’1,87m et la gracile Finlandaise d’1,53m offrent un
spectacle aussi drôle qu’émouvant, illustrant les méandres du couple à travers
la rencontre de leurs corps acrobates.
Entre dans la petite
arène une Simca rouge qui hoquette avec au volant, un gros chien qui aboie en
rythme de la musique. La voiture fait marche arrière après cette vision
fugitive et revient cette fois avec à son
bord, un couple. La situation de départ nous laisse penser que le couple arrive
au bord de la mer ; l’avant de leur voiture devrait contenir le moteur, il
est en réalité aussi riche d’objets que le sac de Mary Poppins, un passage se
faisant entre l’habitacle et lui. Sorte de dressing géant, la voltigeuse y passe
régulièrement se changer en s’échappant comme d’un ressort de son siège
passager pour se vêtir tour à tour d’un maillot de bain ou d’une tenue de
mécano. Personnage à part entière, la Simca est douée d’une autonomie qui rend
fou les deux compères ! A chacune des ouvertures de portière, l’appareil
radio dérape et change de morceau, le couple faisant tout son possible pour
stabiliser la bande son dans un ballet d’actions mécaniques et burlesques à la
Tati. A force de titiller l’antenne et son fil, monsieur finit par hisser
madame sur ses épaules afin de stabiliser l’onde radio le plus haut
possible : nous y voilà, les acrobates entrent en scène.
Le scénario
des vacances à la mer est l’occasion de portés athlétiques où la prouesse
technique se fond dans les chamailleries, retrouvailles et étreintes de ce
couple fantasque unis « pour le meilleur et pour le pire » – titre de
leur spectacle –. L’art de la transformation est partout : le capot de la
voiture devient le plongeoir depuis lequel la voltigeuse s’élance non dans la
mer mais dans les bras de son compagnon qui la rattrape in extremis. Plus tard
en tenue de mécano, elle part chercher
sous la voiture le pot d’échappement qui devient la perche au sommet de
laquelle elle exécute des figures aériennes… Et elle montera plus haut encore
sur une échelle de corde dont elle se balancera avec grâce, échelle maintenue
par la seule force herculéenne de son homme, à plat ventre au sommet du
chapiteau. Comme dans tout exercice de voltige, la confiance faite au
partenaire côtoie la crainte de la chute : magnifique métaphore amoureuse
que ce numéro d’équilibristes… Entre la terre et les airs, on assiste,
conquis, à l’imagination nourrie de poésie des deux artistes qui conjuguent le
burlesque, l’émotion et la performance. Vertiges de l’amour !
Le
cirque Aïtal se produit au parc de Bercy jusqu’au 5 août, dans le cadre du
festival Paris quartier d’été.