lundi 23 juillet 2012

Le cirque Aïtal : quand le corps raconte plus que les mots


Ca faisait un bail que je ne m’étais pas installée sous la tente d’un chapiteau… Le cirque Aïtal promettait sur le papier acrobaties et autres voltiges entre deux artistes, Victor Cathala et Kati Pikkarainen. Couple à la ville et à la scène, le colosse toulousain d’1,87m et la gracile Finlandaise d’1,53m offrent un spectacle aussi drôle qu’émouvant, illustrant les méandres du couple à travers la rencontre de leurs corps acrobates. 
Entre dans la petite arène une Simca rouge qui hoquette avec au volant, un gros chien qui aboie en rythme de la musique. La voiture fait marche arrière après cette vision fugitive et  revient cette fois avec à son bord, un couple. La situation de départ nous laisse penser que le couple arrive au bord de la mer ; l’avant de leur voiture devrait contenir le moteur, il est en réalité aussi riche d’objets que le sac de Mary Poppins, un passage se faisant entre l’habitacle et lui. Sorte de dressing géant, la voltigeuse y passe régulièrement se changer en s’échappant comme d’un ressort de son siège passager pour se vêtir tour à tour d’un maillot de bain ou d’une tenue de mécano. Personnage à part entière, la Simca est douée d’une autonomie qui rend fou les deux compères ! A chacune des ouvertures de portière, l’appareil radio dérape et change de morceau, le couple faisant tout son possible pour stabiliser la bande son dans un ballet d’actions mécaniques et burlesques à la Tati. A force de titiller l’antenne et son fil, monsieur finit par hisser madame sur ses épaules afin de stabiliser l’onde radio le plus haut possible : nous y voilà, les acrobates entrent en scène.
Le scénario des vacances à la mer est l’occasion de portés athlétiques où la prouesse technique se fond dans les chamailleries, retrouvailles et étreintes de ce couple fantasque unis « pour le meilleur et pour le pire » – titre de leur spectacle –. L’art de la transformation est partout : le capot de la voiture devient le plongeoir depuis lequel la voltigeuse s’élance non dans la mer mais dans les bras de son compagnon qui la rattrape in extremis. Plus tard en tenue de mécano, elle part chercher sous la voiture le pot d’échappement qui devient la perche au sommet de laquelle elle exécute des figures aériennes… Et elle montera plus haut encore sur une échelle de corde dont elle se balancera avec grâce, échelle maintenue par la seule force herculéenne de son homme, à plat ventre au sommet du chapiteau. Comme dans tout exercice de voltige, la confiance faite au partenaire côtoie la crainte de la chute : magnifique métaphore amoureuse que ce numéro d’équilibristes… Entre la terre et les airs, on assiste, conquis, à l’imagination nourrie de poésie des deux artistes qui conjuguent le burlesque, l’émotion et la performance. Vertiges de l’amour !

Le cirque Aïtal se produit au parc de Bercy jusqu’au 5 août, dans le cadre du festival Paris quartier d’été.